« 1er Juillet : anniversaires officiels et vérités oubliées – bilan de 1, 2, 5 et 10 ans en France et dans le monde »

« 1er Juillet : anniversaires officiels et vérités oubliées – bilan de 1, 2, 5 et 10 ans en France et dans le monde »






📰 Article

Chaque 1er juillet rouvre les tiroirs de la mémoire officielle. Mais derrière les drapeaux et les bilans sages se cachent des anniversaires brûlants : tensions sociales, crises mondiales, rêves inaboutis. En France comme ailleurs, ces jalons rappellent ce qu’on célèbre et ce qu’on préfère oublier.


🇫🇷 En France : un miroir sans fard

Il y a 1 an (2024) : Jeux olympiques, vitrine et fractures

Le 1er juillet 2024, Paris se transformait en décor olympique : chantiers bouclés, sécurité maximale, communication millimétrée. Gabriel Attal vantait « l’unité », après le score calamiteux de la majorité aux européennes (16 %).

Pourtant, la France était traversée par la grogne : grèves dans les transports, réformes éducatives contestées, inflation persistante. « Nous voulons une fête réussie », promettait le ministre de l’Intérieur, mais le fossé social restait béant (Le Monde, juin 2024).


Il y a 2 ans (2023) : Nahel et la colère des banlieues

Le 1er juillet 2023, la France vivait la cinquième nuit d’émeutes après la mort de Nahel Merzouk, 17 ans, tué par la police à Nanterre. Plus de 300 communes touchées, mairies brûlées, 5 800 véhicules détruits.

Emmanuel Macron rentrait précipitamment d’Allemagne. Il dénonçait la « violence » mais admettait « une colère légitime ». « La République n’a pas tenu ses promesses », analysait Fabienne Brugère sur France Culture.


Il y a 5 ans (2020) : Covid et l’été sous tension

Le 1er juillet 2020, la France venait de lever son premier confinement. Bars et restaurants rouvraient, mais les masques devenaient obligatoires en intérieur. Jean Castex remplaçait Édouard Philippe à Matignon, promettant proximité et relance.

Mais l’été allait préparer la deuxième vague : clusters en vacances, hausse des hospitalisations. « Nous n’abandonnerons personne », affirmait Bruno Le Maire (Les Échos, juillet 2020). Une promesse qui creusait la dette et redéfinissait le rôle de l’État-providence.


Il y a 10 ans (2015) : l’ombre des attentats

Le 1er juillet 2015, six mois après Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, la France vivait dans la peur d’un nouvel attentat. L’état d’urgence n’était pas encore proclamé, mais la société se préparait à se durcir.

Depuis, les attaques se sont succédé : Bataclan (130 morts en novembre 2015), Nice (86 morts en 2016), Saint-Étienne-du-Rouvray, Strasbourg, la Préfecture de police, Rambouillet, Arras. L’état d’urgence est entré en partie dans le droit commun, changeant la doctrine sécuritaire et l’équilibre entre libertés et surveillance.


🌍 Dans le monde : conflits, crises, basculements

Il y a 1 an (2024) : l’Ukraine s’enlise et Taïwan s’inquiète

En juillet 2024, la guerre en Ukraine entrait dans sa troisième année. La contre-offensive ukrainienne piétinait, l’aide occidentale s’émiettait. Joe Biden mobilisait l’OTAN avant la présidentielle américaine.

En Asie, la Chine multipliait les manœuvres autour de Taïwan. La géopolitique mondiale se redessinait sur une logique de blocs, entre méfiance stratégique et course aux armements.


Il y a 2 ans (2023) : inflation mondiale et climat en feu

Juillet 2023 voyait encore l’inflation mondiale galoper : +5 à 10 % dans de nombreuses économies, crise alimentaire accrue au Sud. La Banque mondiale alertait sur la perspective d’un « décrochage durable ».

En parallèle, incendies géants au Canada, canicules historiques en Europe du Sud. António Guterres dénonçait « l’inaction criminelle » des pays développés face au dérèglement climatique.


Il y a 5 ans (2020) : le monde confiné

Le 1er juillet 2020, le Covid-19 avait déjà fait plus de 500 000 morts. L’OMS alertait : « La pandémie s’accélère ». L’économie mondiale se contractait de 3,5 %, un effondrement inédit depuis 1945.

Les pays européens tentaient de rouvrir leurs frontières, mais la peur de la deuxième vague planait déjà. Les plans de relance massifs annonçaient une dette publique vertigineuse.


Il y a 10 ans (2015) : la crise grecque et la guerre syrienne

Le 1er juillet 2015, la Grèce ratait un paiement au FMI. Alexis Tsipras convoquait un référendum sur l’austérité, attisant la fracture au sein de l’UE. Jean-Claude Juncker prévenait : « Un non serait un non à l’Europe ».

En Syrie, la guerre entrait dans sa cinquième année, provoquant l’exil de millions de réfugiés vers l’Europe et annonçant la crise migratoire de 2015–2016.


🇨🇦 Canada : un rêve européen qui n’a jamais pris corps

Le 1er juillet 1867, le Dominion du Canada naissait, aujourd’hui fêté en grande pompe. À l’aube du XXIᵉ siècle, certains imaginaient même une « adhésion théorique » à l’Union européenne pour contrebalancer l’influence américaine (CBC, 2005).

Le CETA, signé en 2016, a concrétisé un rapprochement commercial majeur. Mais l’idée d’un lien politique reste une fiction : Ottawa regarde vers Washington pour la défense, vers Pékin pour le commerce, et vers Bruxelles pour l’image.


🎧 Walkman : la révolution intime qu’on oublie

Le 1er juillet 1979, Sony lançait le Walkman, libérant la musique des salons pour la glisser dans les poches. On retient la liberté, la bande-son personnelle, la nostalgie des cassettes.

Mais on oublie que ce fut aussi la naissance de la « société du casque » : privatisation de l’espace sonore, bulle individuelle dans la foule. « Le Walkman a inventé la société du casque », rappelle Paul Virgo (BBC Culture, 2020). Un symbole discret mais fondamental de l’individualisme contemporain.


⚖️ CPI : la promesse universelle inachevée

Le 1er juillet 2002, la Cour pénale internationale voyait le jour, censée juger les pires crimes : génocides, crimes contre l’humanité.

Vingt ans plus tard, la CPI n’a prononcé qu’une douzaine de condamnations, visant presque exclusivement des Africains. Les grandes puissances, comme les États-Unis, restent hors de sa juridiction. En 2020, Donald Trump a même sanctionné ses juges.

« La CPI reste la cour des vaincus », résumait l’ancienne procureure Fatou Bensouda.


🧭 Entre mémoire et oubli

Ces « 1er juillet » racontent une mémoire officielle toujours partielle : la fête et la colère, la vitrine et la fracture, la liberté individuelle et la surveillance de masse. En France et dans le monde, ces anniversaires rappellent ce qu’on veut bien célébrer – et ce qu’on préfère ne pas voir.

Comme l’écrivait Albert Camus : « L’Histoire n’enseigne rien, mais elle punit ceux qui l’oublient. »


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